Fin du Maroc, fin du voyage
Pour repartir de Merzouga (les dunes) je m'attends au pire puisque ici est un peu le bout de la route... le stop s'annonce pas évident pour les premiers kilomètres en tout cas.
Encore une fois les choses tournent en ma faveur puisque les trois personnes dans la première voiture qui me prend repasse par la même route que là où je poursuis la mienne, une centaine de kilomètres plus loin. Au final je parviens en un jour un trajet éstimé de trois, et ce avec des amis de route qui n'en reviennent pas de mon trajet et avec qui je sympathise vite.
En apprenant mon projet de quitter immédiatement la ville où il me déposerons pour trouver un endroit où camper, il ne me laisse pas d'autres choix que d'accepter leur invitation à occuper, à leurs frais, une chambre dans l'hôtel où ils comptent passer la nuit. Nous regardons la première demi-finale de l'Euro ensemle, et il ne repartent le lendemain qu'après m'avoir offert le petit déjeuner en prime.
De gauche à droite : Abdel Hadi, Yassin et Hamid.
Me voilà en forme pour retourner vers les montagnes du Haut Atlas, direction le Cirque de Jaffar à 35 kilomètres.
Les premiers vallons sont déjà très arides et ce qui se dessine au fond est un présage de bonne augure.
Les traquets oreillards sont présent dans les buissons (mâle puis femelle).
Et on y trouve également de petits sousliks, seuls ou en famille.
Dans l'après midi il pleut une bonne partie du temps et le vent est impressionnant.
Le soir venu je pose ma tente sur une piste abandonnée dans un fond de vallée apparament désert.
Un berger débarque et me regarde installer mon matèriel, j'essaye de lui faire comprendre le rôle de chaque équipement.En sortant le pain et l'huile d'olive je lui propose de manger ensemble mais il décline l'invitation. Lorsque je sors les dattes je lui en tend une poignée en disant "Koul! Koul!", une injonction que l'on m'a souvent adressé depuis mon arrivée dans ce pays. Il rit et tends sa main.
Le lendemain au bout de dix minutes de marche je passe devant sa tente familiale, se sont des nomades qui vont de vallée en vallées avec leur troupeau. Il m'attend sur le bord du chemin avec une théière bouyante, du pain, de l'huile et un grand sourrire. Après m'avoir servi un verre il arrache un gros morceau de pain et me le tend en riant et en disant "Koul! Koul!" référence à ma performance d'arabe de la veille.
Il n'est pas le seul que j'ai rencontré dans ces environs. Ici d'autres bergers aux sourrires immenses qui malheureusement ont tendance à se crisper au moment de la photo .
Et plus bas une vieille femme qui m'amène elle aussi le thé, du pain et des dattes après m'avoir vu m'arrêter quelques secondes 150 mètres sous sa tente.
Dans des gorges, un couple de bruants foux faisant des allers retours pour rassasier leur progéniture.
Bilan au bout de 48h : Pas de Cirque... peu importe.
En une journée je passe du Haut au Moyen Atlas, Alors que deux jeunes profs sont obligés de me laisser sur le bord de la route pour faire demi tour, réparer l'embreillage bloqué, un homme en scouter s'arrête spontanéement, et le conducteur me dit de monter avec mon sac. Il va (comme par hasard) au même lac que moi à une trentaine de bornes.
Les eaux sont bordées de reliefs couvert de forêts de cèdres.
Après le relief alpin du Haut Atlas, le Moyen Atlas et ses reliefs onduleux fait lui d'avantage penser aux Cévennes ou comme sur cette photo, aux Causses.
Je fais ensuite une éxpèrience étrange, une sorte de flash back...observons cette photo : Trottoirs impeccables jallonés de hauts platanes, voitures récentes, toit en tuile orange, on pourrait être dans n'importe quel petit village du Vaucluse mais il s'agit bien d'un bled marocain, l'un de ceux qui ont profité de l'engoument des vacanciers du pays en quête d'air frais et de forêt montagnarde.
Me voilà desormais à Fès où j'ai seulement quelques activités pratiques à réaliser avant de traverser la ville pour la quitter avant la nuit. Première étape, faire réparer mes sandales, trouver un cordonier (on est en Afrique, on ne jète rien, on répare!). Je rencontre Mohamed dans son bouiboui sur le trottoir, il m'a l'air bien sympathique alors je lui explique le soucis et (ô surprise!) je vais passer deux nuits chez lui... ce qui me permettra de découvrir un peu mieux la ville mais je ne trouve rien de suffisament interessant pour en faire une photo. Finalement le seul réel intérêt de ce passage urbain sera de (re)découvrir les chevelures noires des marocaines, mais également leurs épaules cuivrées et leurs chevilles, ce qui n'est pas rien quand on a traversé de la campagne, disont traditionnaliste, depuis trois semaines.
Dernière chaîne de montagnes avant la méditerranée, le Riff, abrupt comme le Haut Atlas mais sans dépasser les 2500 mètres. Ici, du côté de Ketama, la culture exclusive est le kiff, ce qui donne un effet assez planant aux randonnées...
Linotte mélodieuse
Ce dont j'essaye de me convaincre qu'il s'agit du femelle de Fauvette de l'Atlas... et non d'une passerinette ssp africaine.
Ici encore les "mauvaises langues" bèrbères me disant que je ne serai jamais aussi bien accueilli par les "arabes du nord" sont démenties puisque je passe une nuit de plus chez l'habitant, Mohamed un producteur local, dont la terasse est bercée de douces odeures apaisantes.
Miloud son fils, un gamin extra, aura passé la journée à m'éxpliquer des milliers de choses dont je n'aurai compris qu'un seul et unique mot : michmèch : abricot.
Une fois de plus il est difficile de leur faire admettre que je dois partir alors qu'ils m'offrent de rester autant de temps que je le souhaite (ou qu'ils le veulent). Et je reprends mon chemin pour atteindre la route côtière, à Jebha.
En peu de temps j'atteins Tetouan puis Ceuta et traverse le détroit de Gibraltar plus de deux mois et demi après mes premiers pas sur le continent africain.
Nouveau passage à Cordoue où je redécouvre la vie à l'européenne, avec ses avantages et ses inconvénients, mais surtout ses incohérences.
Ultime choc, alors que je tends de nouveau mon pouce pour reprendre la route je fais face à de multiples réponses, allant de l'ignorance absolue au sourrire stupéfait en passant par ceux qui se penchent sur leur volant, éffaré pour mieux me dévisager, et puis les pire, les klaxonneurs... Peut être pensent ils que je ne suis qu'un élément du décor, placé là dans le seul but de les divertir de la morosité de leur trajet. En tout cas à aucun moment ils n'imaginent que je puisse simplement être un être humain qui a besoin d'un petit coup de pouce...
Privé de mon seul moyen de transport il me faut prendre le car pour atteindre la frontière française où je me rassure en vérifiant qu'ici il est tout de même encore possible de se déplacer avec la seule énergie de la solidarité (ou devrais je dire de l'humanité?) mais pour combien de temps encore?
Jusqu'à mon prochain voyage je l'éspère.
Merci à tous pour votre soutien au travers des visites et des commentaires laissés sur ce blog!!!