Fin de la paranthèse

Publié le par backtotheroots

Remonté express vers la péninsule du Cap Bon ! Un épisode qui vous sera exclusivement narré étant donné le léger défaut technique (ou devrais-je dire technologique) qui m'empèche d'utiliser mon appareil photo depuis une semaine.

J'installe ma tente aux environs de Korba entre la mer et une lagune arrière littorale prometeuse pour ce qui est de l'avifaune. Malheureusement un vent digne du Mistral de nos côtes méditerranéennes empêche toute observation le lendemain... Essayant d'avancer je lutte pour rester sur la route et tendre mon pouce sans être emporté, d'autant plus que cette pratique semble moins bien apreciée par ici... Je retrouve des côtes touristiques, des visages fermées... Il est navrant et même effrayant de voir à quel point la présence des occidentaux, même de manière saisonnière (et par conséquent de leurs porte-monnaie et de leur philosophie), corrompt la mentalité des cultures les plus hospitalières et les plus généreuses... Je retrouve dans le regard des chauffeurs qui passent devant moi, seuls dans leur voiture (ou tout du moins ceux qui ne m'ignorent pas totalement), le même mépris que celui que j'observe régulièrment en France. Lors des quatre semaines précédentes la quasi totalité des conducteurs qui ne s'arrêtaient pas faisaient un signe de la main ou au moins un sourrire amusé qui laisse penser qu'on est pas invisible. Pourquoi faut il que mes voyages finissent toujours par remonter vers le Nord...

Il me faut dix fois plus de temps que d'habitude mais je parviens tout de même à atteindre Kelibia et Dar Allouch. Un peu de marche m'amène sur une plage mitoyenne du Djbel Haouaria.

Tiens, un tarier des près sur la plage, et puis un deuxième et puis dix ! ça y est la migration a débuté, pour les passereaux en tout cas. Je me surprend à être réellement ému de voir ces petites boules de plumes d'à peine vingt grammes, attendant là sur la plage que le vent tombe pour changer de continent et sans doute faire encore plusieurs milliers de kilomètres et pondre quelques petits oeufs dans les plaines du centre de l'Europe.

Je trouve un recoin du relief dans lequel je peux planter ma tente partiellement à l'abri des bourasques qui arrivent toujours du Nord.

A mon reveil le vent est presque complètement tombé et le ciel est plutôt dégagé, je peux m'attaquer à l'ascension des 390 mètres qui surplombent le Cap Bon. Les moutons que forment les nuages filtrent les rayons du soleil, offrant à la surface de la Méditerranée une livrée de bleu-gris pastel en mosaïque étonament régulière et harmonieuse.

Avec de la patience on trouve quelques goelands d'Audouin parmi les leucophés.

Dans 2 à 3 semaines ce serons des milliers de voiliers (rapaces, cigognes et grues pricipalement) qui commenceront à s'élever sur ces versants pour traverser le bras de mer qui les séparent de l'Europe.

Pour repartir, le stop est toujous un peu galère mais je finis par tomber sur deux jeunes qui m'amènent à Soliman et m'aident à trouver une boutique où je peux acheter un stock de Harrissa arabi à ramener en France. Une fois que c'est fait je peux aller trouver un endroit où m'installer près des lagunes situées à quelques kilomètres et dans lesquelles je trouve notament le bécasseau maubèche et la bécassine sourde. Le matin en sortant de ma tente je suis cerné par les bergeronnettes printanières de différentes sous espèces (feldegii, superciliaris, et j'en passe).

Il est temps de rejoindre la capitale. La visite est rapide, l'impression mitigé... premiers mendiants du voyage, premières arnaques... les joies de la civilisation !

Je prends le train pour la ville côtière de La Goulette d'où part mon ferry le lendemain. Une dernière fois je me pose cette question : où vais je pouvoir poser ma tente ? Je fais un tour et ne trouve que quelques plates-bandes où il me faudra écarter les déchets pour m'installer... Vers 16h je joue ma dernière carte : les flics. Je vais à leur rencontre et leur explique ma situation, leur demandant simplement un endroit sûr pour passer la nuit. Si ils me demandent pourquoi je ne vais pas à l'hôtel je leur sort l'unique pièce de monnaie qu'il me reste en poche, une pièce de 20 millis (1 centime d'euro). Après avoir été envoyé dans le troisième commissariat de la ville on m'amène dans l'un des deux seuls hôtels de cette petite station balnéaire, un hôtel 3 étoiles s'il vous plaît ! Chambre individuel et demi pension en prime ! On peut dire que je finis en beauté même si ça n'est pas franchement dans l'esprit global du voyage.

Embarquement à bord du Tanit, magnifique ferry tunisien fabriqué par les coréens et qui a un standing bien plus impressionnant que le pauvre "Méditerranée" de la SNCM que j'ai pris à l'aller. En soirée un groupe de musique tunisienne plus ou moins traditonnelle me permet de rester encore quelques heures de plus en Tunisie, même en voyant la côte sicilienne par les hublots.

Et puis après une nuit aussi cassante que celle de l'aller je finis par poser le pied sur notre bon vieux sol français : Fin de la paranthèse.

Voyage Tunisie 2013

Publié dans Tunisie 2013

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F
Même sans photo, j'aime autant te lire.<br /> Merci.<br /> A très bientôt pour que tu me fasses partager de vive voix ...peut être sur l'ile de ton papa ?<br /> J'y vais en mai.
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R
Bonjour Étienne si tu es sur le retour nous te verrons peut-être avant que nous partions le 5 avril vers la Rochelle puis vers l'ile d'Yeu.<br /> En attendant nous t'embrassons très fort.<br /> Mamy
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P
Voilà ton périple terminé, bravo! et merci de nous l'avoir<br /> fait partagé.<br /> A bientôt de te revoir.<br /> Bisous<br /> Mamie et Papi de Bayeux.
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C
Bien joué mon ami. Que d'aventures passionnantes, formidablement bien narrée et même sans images. Ton aventure est différente de la mienne, mais j'y retrouve un point commun dans ce dernier article<br /> : Ton appareil photo. Mon reflex numérique à pris l'eau de mer et il est définitivement mort ! M'enfin, ce n'est pas très grave, tu sais comme moi que l'expérience du voyage ce suffit à elle même<br /> quand elle rythme nonchalance, surprise et déboire.<br /> <br /> Bon retour à la civilisation française.<br /> <br /> (PS : Je fais mon possible pour butter un ptilope de la société dans la jungle)
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